C’est sûrement Sœur Emmanuelle chez les chiffonniers au journal de France 2, il y a bien longtemps dans mes lointains souvenirs d’enfance, qui m’a donné envie d’ailleurs. Drôle de manière que de donner l’envie à l’image de bidonvilles et de pauvreté vous dites-vous au fond. Pourtant c’est bel et bien le premier souvenir que j’ai de vouloir venir en aide, de comprendre et apprendre du monde dans lequel je vis depuis aujourd’hui 25 ans. Une dizaine d’années plus tard, à l’aube de mes 20 ans, c’est un voyage humanitaire et solidaire en Terre sainte (que je ne sais comment nommer vu la situation politique et conflictuelle actuelle) qui m’a confirmé cette envie. Ce sentiment profond que l’on ne vit pas simplement cantonné dans un pays, une ville ou un village. On vit sur une planète immense, remplie de trésors et de choses plus sordides, restons réalistes. Bien religieux tout cela comme prémices.

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Dans un tout autre genre, au crépuscule de mes 25 ans, c’est un voyage totalement différent en auto-stop, en grande partie seule, en Europe, qui confirmera à jamais mon envie de nomadisme, un nomadisme solidaire, responsable, durable si je puis dire. Un jour, un article qui n’est sûrement pas à prendre au pied de la lettre, disait que la sédentarité ou le nomadisme pouvaient trouver leurs origines dans nos gènes. J’ai largement souri, car c’est justement cet appel qui se trouve au plus profond de moi qui me pousse à ne vouloir rien d’autre que parcourir les routes du monde. Il est si puissant que l’on viendrait parfois à croire qu’il est inné. Parfois, pourtant, il me pousse à la réflexion. Suis-je normale ? La stabilité me fait-elle peur ? Il faut alors entreprendre un long travail de réflexion sur le long terme afin de s’apercevoir finalement qu’il n’y a ni normalité, ni stabilité parfaite, ni même de choix de vie défini. J’ai alors compris que les rêves sont l’essence même de l’être humain et qu’il doit se battre au cours de sa vie pour les réaliser. Alors j’ai fait mon choix.

Je veux vivre sur la route, au fil des rencontres, des échanges, des partages, des différences, des frontières, de mes peurs, de mes rêves, de mon sac à dos.

Tout est plus éphémère certes, plus délicat, plus complexe que dans une vie simple avec une petite routine agréable et réconfortante. La sécurité y est moindre, mais pas inexistante et l’instabilité est pour sûr de mise. Vivre la vie sur ce fil, la route éperdument, c’est découvrir infiniment l’immensité du monde, de ses habitants, de ses cultures, différences. Découvrir le meilleur qui se cache à chaque coin du globe comme le pire pour en faire quelque chose de plus grand. J’ai vite compris étant petite que je ne changerais pas le monde à mon échelle, que vivre dans un monde de bisounours où la vie est rose et remplie de barbe à papa, qu’être éternellement utopiste n’était pas la solution.

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J’ai aussi découvert le pouvoir qu’a chacun d’entre nous d’accomplir l’impossible.

Si, depuis plus d’une décennie, mes rêves, mes aspirations, ma philosophie, mes idées, mon karma, sont ainsi ancrés au plus profond de mon « moi » intérieur et que je veux vivre ce fil de nomadisme solidaire, pourquoi ne le ferais-je pas ? Qu’est-ce qui pourrait m’en empêcher ? Me rendre plus libre, épanouie et heureuse ? Vous savez quoi ? Absolument rien d’autre que l’émerveillement intense que l’on reçoit en étant sur la route, étranger, ami ou simplement citoyen du monde. Rien d’autre que de prendre la planète Terre pour demeure ne peut autant me satisfaire dans mon fort intérieur pour les années à venir pour, un jour, peut-être (ou pas) m’arrêter quelque part… Le départ est donc prévu. Après de nombreuses aventures ponctuées, le projet se construit enfin et ce rêve devient peu à peu réalité. Chaque jour est un pas de plus vers le grand départ. « La route du partage »… Un nom que j’ai choisi et qui m’a semblé comme une évidence, qui résume bien ce sentiment de nomadisme solidaire imprégné dans mes veines, dans mon esprit, dans mon cœur.

Je souhaite à tout un chacun qui ressent cette petite lueur au fond de lui de la poursuivre.

Le voyage forge une vie, le voyage vous rend plus grand, plus ouvert, plus épanoui dans le monde d’aujourd’hui. Quel qu’il soit, je l’encourage fortement. L’écrivaine Isabelle Eberhardt disait en parlant du nomadisme (notamment lors de ses voyages dans le désert) qu’ « Un droit que bien peu d’intellectuels se soucient de revendiquer, c’est le droit à l’errance, au vagabondage. Et pourtant, le vagabondage, c’est l’affranchissement, et la vie le long des routes, c’est la liberté. » ! Rien n’est plus vrai.

Article rédigé par Jessica Louis

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