Étant très près de ses émotions et vivant chaque expérience de la vie avec une maturité surprenante, Geneviève Fortin, une jeune femme saguenéenne et étudiante en travail social, nous partage son expérience vécue lors d’un voyage de coopération à Haïti et nous dévoile sa philosophie de la vie au travers de ses rencontres culturelles à l’étranger. Ex-ballerine et vendeuse dans une boutique de vêtements de plein air, Geneviève a toujours eu le désir d’aller explorer ce qui se passait ailleurs dans le monde. Déterminée à accomplir ses plus grands rêves malgré les embûches de la vie, c’est avec passion et curiosité qu’elle parvient à être optimiste dans tout ce qu’elle entreprend. De plus, son champ d’études lui aura permis d’obtenir une analyse et un regard porté vers l’amélioration de notre société et de celles qui nous entourent.
« J’ai toujours eu en moi le désir d’aller comprendre comment les gens peuvent vivre ailleurs. De plus, l’être humain et tout ce qui l’entoure me fascinent. J’ai un besoin constant d’aller aider les autres et de me sentir utile. »
Elle a donc quitté sa petite région nordique après avoir dit oui à un groupe de professionnels formé de professeurs en adaptation scolaire, de travailleurs sociaux et de directeurs souhaitant, d’une certaine manière, aider les jeunes Haïtiens en leur préparant une formation d’apprentissage lors d’un voyage de coopération. Geneviève partage que le simple fait de les écouter, de s’intéresser à leur culture très différente de la nôtre, et ce, sans porter de jugement, est une attention incroyablement touchante et merveilleuse pour ce peuple.
« J’étais vraiment emballée à l’idée d’aller découvrir ce peuple. Il est évident que dans mes rêves les plus fous, je serais partie d’Haïti en ayant amélioré la condition de vie de tous les habitants. Mais d’une vision réaliste, mon but ultime était d’apporter un peu de bonheur et d’espoir à ceux que j’allais rencontrer. »
Évidemment, la préparation d’un tel voyage doit être bien différente des autres à entreprendre tant sur le plan économique ou émotionnel que sur le plan psychologique. Geneviève m’a donc partagé qu’il avait été très important de premièrement discerner la culture haïtienne avant de préparer la formation. Pour ce qui est du financement, le groupe n’étant pas géré par aucun organisme, chaque membre devait être autonome à ce niveau.
«Il est important de choisir la clientèle et les éléments qui seraient pertinents à aborder avec eux. Dans notre cas, la formation portait sur la démarche de résolution de conflits et de gestion des émotions à travers l’intimidation et la violence en utilisant le théâtre forum et la marionnette comme outils d’intervention.»
Avant de se lancer dans cette aventure, Geneviève affirme avoir eu certaines craintes au niveau du danger qu’il est possible de retrouver en Haïti. Le gouvernement du Canada interdit en effet l’accès à certains endroits du pays. Ce qui l’a rassurée est le fait que des prêtres étaient en charge de s’occuper de son équipe, ceux-ci étant des figures d’autorité très respectées chez les Haïtiens dû à leur grande générosité et à leur dévouement envers le peuple.
Voici la routine de Geneviève lors de son séjour en Haïti
Logement : Situé à l’ouest d’Haïti, c’est à cet endroit que les coopérants se retrouvent lors de leur passage au pays.
Chaque matin vers 8h00, des chauffeurs venaient chercher les coopérants pour se rendre à l’école Immaculée Conception.
Une conversation avait lieu avec le directeur pour ainsi connaître l’horaire de la journée
Ensuite, Geneviève avait un suivi d’intervention avec un enfant vivant différents problèmes.
Elle allait ensuite rencontrer la psychologue pour l’aider à effectuer ses interventions et ensemble elles trouvaient des pistes de solutions pour différentes situations.
Pour continuer, elle se rendait en classe accompagnée d’une professeure en adaptation scolaire pour faire de l’observation et aider les enseignantes à intervenir avec des jeunes ayant des troubles de comportement.
L’après-midi, Geneviève et son équipe donnaient une formation aux jeunes de l’école.
Tous les soirs, une rencontre d’équipe avait lieu pour discuter de leur journée et des changements à effectuer pour le lendemain.
Chaque repas était en présence des prêtres et précédé d’une prière.
Vers 20h00, tout le monde retournait à leur maison pour ainsi décompresser et se préparer pour le lendemain.
«N’étant pas pratiquante, j’ai pris goût à prendre le temps de remercier ceux qui nous avaient préparé le repas et à penser à ceux qui n’ont pas cette chance.»
C’est donc selon un horaire assez chargé et rempli en émotion que Geneviève a pu vivre une relation toute spéciale avec la culture haïtienne, mais aussi en apprendre davantage sur elle-même. Elle partage avoir spécialement adoré l’intensité que ce voyage lui a permis de vivre. Il faut être prêt à se donner corps et âme et à se consacrer entièrement à aider les autres, tout en étant très loin de sa zone de confort ce qui, pour elle, fait la beauté de la chose. Le fait d’avoir été confrontée à la pauvreté lui aura aussi permis de laisser de côté les valeurs nord-américaines qui nous sont inculquées dès notre enfance et de vivre… tout simplement.
«Il suffit seulement d’être ouvert à vivre de nouvelles expériences et de s’adapter au mode de vie du peuple. Oubliez vos habitudes québécoises et laissez vous «convertir». Vivez comme eux, mangez comme eux, habillez-vous comme eux, ils ont parfois bien plus à nous apprendre que ce que l’on pense!»
En terminant, c’est au côté du peuple que Geneviève a vécu les moments les plus marquants de son périple. Elle se souviendra toujours des nombreuses conversations échangées avec la psychologue, les directeurs, les prêtres, les enseignants et les élèves l’ayant énormément marquée et éblouie. Il ne faut pas oublier qu’elle a eu la chance d’aller explorer la beauté du pays à travers Port-au-Prince et Les Gonaïves. Pouvoir observer la manière dont les gens vivent là-bas aura été pour Geneviève un aspect très significatif et révélateur pour elle. Elle ne croit pas nécessaire d’approfondir sur la misère vécue en Haïti puisqu’on ne devrait pas avoir une vision dirigée seulement vers cet aspect du pays.
«Bien entendu, la pauvreté est partout et est très grande, mais les Haïtiens sont tellement des gens fiers qu’ils ne méritent pas que nous repartons de leur pays avec une vision négative. Au contraire, il faut les voir comme des gens extrêmement solides et qui ont une résilience incroyable après toutes les catastrophes naturelles qui s’acharnent sur eux.»
Ayant beaucoup grandi et appris sur elle-même au travers de ce voyage, Geneviève invite tous ceux et celles rêvant constamment de voyager, de faire le grand saut et de plonger tête première dans l’aventure! Étant présentement en voyage sac à dos en Thaïlande avec une amie, notre jeune aventurière compte bien prendre une année sabbatique après avoir complété sa technique et partir là où bon lui semble au côté de sa meilleure amie. Au travers des hauts et des bas, des émerveillements qu’elle a pu ressentir et des obstacles qu’elle a dû franchir, elle confirme vouloir revivre d’autres voyages de coopération et continuer de découvrir et d’aider d’autres peuples.