Parfois, en partant en voyage, il m’arrive de simplement prendre mon Canon AE1, un appareil argentique de la fin des années 70 et quelques pellicules. Mais pourquoi, me direz-vous, est-ce que je m’impose une telle contrainte alors que j’ai un super reflex ? Oui c’est un peu compliqué au début, bien sûr les possibilités sont moindres, mais pourtant cette façon de photographier mes escapades a apporté beaucoup de belles choses à ma façon de vivre mes voyages, et c’est ce dont je vais vous faire part ici.
Prendre son temps, observer, ressentir
Seul le mode manuel existe en argentique. Les paramètres techniques doivent donc être choisis pour obtenir le rendu souhaité. Observer chacun des détails de la scène, la lumière et sa direction, la distance du sujet ou l’importance du mouvement devient alors absolument nécessaire. Les premières fois sont fastidieuses, puis on se prend au jeu. On fait attention à chaque rayon de soleil traversant le paysage, aux contrastes de couleur autour de soi… On devient petit à petit, grâce à ce petit boîtier autour du cou, un véritable observateur qui, à chaque seconde, cherche à entrevoir la poésie d’un lieu, l’expression d’un visage… Le caractère technique de la prise de vue finit par s’effacer, on l’utilise simplement au mieux pour capter l’émotion souhaitée.
La carte mémoire du reflex est remplacée par des pellicules, on passe d’un nombre illimité de clichés à quelques dizaines de photos. Forcément, cela pousse le photographe à choisir judicieusement ses sujets. On veut capter un instant qui doit être bien choisi, on souhaite saisir la magie d’une scène avec seulement quelques essais possibles. Tout ceci construit le savoir du photographe, mais participe aussi à changer sa façon de voyager. On ne sort pas son appareil aussi souvent qu’un reflex, on ne passe pas une dizaine de minutes à tester plusieurs angles. On devient chaque jour un peu plus un photographe observateur, tranquille, profitant de l’instant et du voyage et prenant des photos uniquement lorsqu’un instant capte véritablement notre attention par sa différence, son intérêt photographique ou émotionnel.
Récemment, je suis partie en Grèce, seule pendant deux semaines. Je n’ai utilisé ni smartphone, ni reflex, et pourtant j’ai rapporté quelques dizaines de photos qui me plaisent presque toutes. Certains jours, j’ai utilisé plusieurs pellicules, d’autres, j’ai seulement pris quelques photos, mais, à chaque instant, j’ai observé, j’ai apprécié, j’ai pris mon temps pour ressentir l’atmosphère. J’ai tenté de capter des moments particuliers et de les retranscrire en images. Alors oui, tout ceci est tout à fait possible sans faire de photographie argentique, mais cette technique pousse le voyageur dans cette direction, vers un voyage plus calme qui met l’accent sur l’observation et le ressenti.
Un voyage qui perdure, même après le retour
Les photos argentiques sont visibles uniquement après le développement de la pellicule. Une bonne semaine peut donc se dérouler avant de pouvoir profiter de ses photos. Une fois la vie quotidienne retrouvée, recevoir ses photos est une formidable bouffée d’air frais, un retour aux sensations vécues plus tôt, ailleurs. C’est alors un vrai bonheur de revoir, cliché après cliché, les scènes qui nous avaient touché. On repense à ces instants, on les partage avec nos proches. Ces photos sont imprimées, elles sont là, prêtes à être affichées ou regardées à nouveau. L’attente durant le processus de développement et la découverte de ces souvenirs participent à faire vivre les sensations au-delà du voyage. Là encore, la photographie argentique est un moyen formidable de plonger dans les émotions qui animent le voyageur, de le faire vibrer et de lui donner envie de repartir !
Alors je vous invite vous aussi à dénicher un vieil argentique et à l’apprivoiser pour votre prochain voyage à la découverte de nouvelles sensations. À une époque où il est courant de revenir avec un millier de photos d’un voyage, vous ferez le choix d’un mode de découverte différent, plus calme et plus posé, tout en progressant beaucoup en photographie. Alors allez-y, courez les brocantes !
Article rédigé par auteur anonyme