Et je suis partie, juste comme ça, sans me retourner. Sans me retourner parce que ça ne servait à rien de le faire, ça ne m’aurait que briser le cœur encore plus. Parce que oui, les au revoir c’est difficile. Même si c’est pour partir à la découverte du monde. Chaque pas vers les douanes est un pas vers l’aventure, mais c’est aussi s’éloigner de ce que l’on aime, de ceux que l’on aime… C’est être tiraillé entre l’aventure et la zone de confort, entre le connu et l’inconnu, entre les amitiés fondées et celles qui attendent d’être formées. C’est devoir choisir entre la vie qu’on a et celle qu’on voudrait avoir, devoir choisir entre ce qu’on connaît et ce qu’on pourrait apprendre, choisir entre rester et partir à chaque fois qu’on pose son sac.

Oui, les au revoir c’est difficile. Difficile parce que ce n’est pas tout le monde qui a la chance de pouvoir partager sa vie avec des personnes qui ont les mêmes besoins et les mêmes envies que nous. Difficile parce qu’en vidant nos poches pour passer sous le détecteur de métal, on ne laisse pas seulement dans le bac de plastique quelques pièces de monnaie parce qu’on est pressé, mais aussi une version fade de nous-même, une version que l’aventure qu’on s’apprête à vivre va effacer. On essaie de se convaincre que cette version-là de nous ne nous manquera jamais, mais on ne fait qu’essayer en sachant très bien au fond de nous que ce n’est pas vrai.

Les au revoir c’est difficile. Difficile parce qu’à travers les yeux plein d’eau, il faut essayer de se convaincre qu’on a le droit de prendre du temps pour soi. Difficile parce que quand on n’est pas triste, on a droit à un goût amer de regret en bouche, un goût de culpabilité. Comme s’il fallait absolument se sentir mal de laisser des gens derrière, alors qu’on les avait invités et qu’ils ont décliné.

Les au revoir c’est difficile. Difficile parce que quand on est dans la file d’attente pour commander un café Starbucks ou un beigne chez Tim Hortons, on se rend compte qu’on est vraiment seul avec soi-même, qu’on n’a même plus personne à ses côtés à qui demander : «Tu prends quoi finalement?». Difficile parce qu’à partir du moment où on embarque dans l’avion, on sait que tout ce qui nous reste c’est Face Time et Facebook pour avoir des nouvelles, quand notre itinéraire nous le permet.

Les au revoir c’est difficile parce qu’on le sait qu’il faut partir pour mieux revenir. Difficile parce qu’on le sait qu’il n’y a jamais de bon moment pour partir ; il y aura toujours quelqu’un qui aura besoin de nous ou encore une situation problématique à régler.

Il faut juste se compter chanceux que les au revoir ne se transforment pas toujours en adieux.

Article rédigé par Élodie Beauvais

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